Institut pour l'Etude et la Conservation du Baobab

L’association INECOBA s’intéresse à développer et à promouvoir tous projets qui visent à étudier, protéger et sauvegarder les baobabs qui comptent déjà 6 espèces menacées inscrites sur la liste rouge l’IUCN parmi les 8 représentées dans le monde.

INTERVIEW

Alors que les aliments et boissons à base de baobab se multiplient, l’expert es-baobabs Pascal Danthu nous explique quels impacts cela pourrait avoir sur l’espèce…

P1110527De la boisson au baobab pour être fort, de la poudre de baobab pour avoir la pêche, des huiles de baobab pour de beaux cheveux… La vague du baobab est en train de déferler sur l'Europe. En début de semaine, 20 Minutes expliquait pourquoi le baobab pourrait être le «super-aliment» de l’année 2015. Mais avant de se ruer dans les magasins spécialisés, Pascal Danthu, directeur régional à Madagascar du Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement (Cirad), a répondu à nos questions angoissées sur l’avenir des baobabs.

La consommation de produits issus du baobab peut-elle nuire à l’espèce?

A priori, ce n’est pas un danger. L’espèce africaine qui donne la pulpe que l’on trouve en France n’est pas menacée de disparition. Cette pulpe est extraite des fruits, enlever les fruits sur un baobab, ce n’est pas pire que pour un pommier. Si on a une gestion durable du baobab et qu’on n’élimine pas complètement tous les fruits mais qu’on en laisse quelques-uns pour la reproduction, il n’y aura pas de problème. Laisser quelques cabosses sur les arbres pour assurer leur régénération naturelle devrait permette d’en assurer la pérennité.

Le baobab est-il utilisé par les populations locales?

Le baobab est largement utilisé en Afrique. Les populations sahéliennes consomment ses fruits, on produit des huiles de baobab, les feuilles sont très largement consommées comme fond de sauce et l’écorce sert depuis longtemps à faire des cordages. Il n’y a que le bois, spongieux et gorgé d’eau, qui n’a que peu d’utilité. On doit pouvoir trouver un équilibre entre l’utilisation locale et la vente sur d’autres marchés. Tout dépend de l’ampleur de ces derniers.

Certaines espèces de baobab sont néanmoins menacées de disparaître. Pourquoi?

Sur les six espèces endémiques de Madagascar, trois sont en liste rouge à cause du changement climatique, qui tend à réduire leur aire de répartition, et de la déforestation. A Madagascar, le baobab est une espèce forestière donc si on détruit la forêt, même si on laisse le baobab car son bois est mauvais, il est mal en point car isolé.

Propos recueillis par Audrey Chauvet - 20minutes.fr