Institut pour l'Etude et la Conservation du Baobab

L’association INECOBA s’intéresse à développer et à promouvoir tous projets qui visent à étudier, protéger et sauvegarder les baobabs qui comptent déjà 6 espèces menacées inscrites sur la liste rouge l’IUCN parmi les 8 représentées dans le monde.

Chers amoureux de l'environnement et des arbres,

Depuis quelques années maintenant, plusieurs membres de l'INECOBA se sont consacrés à l'étude des baobabs au Sénégal mais, comme vous devez le savoir, les baobabs (Adansonia digitata) se retrouvent également dans les DOM/TOM en Nouvelle-Calédonie, Guyane, Martinique ou encore en Guadeloupe. Ces arbres multi-centenaires sont de véritables mémoires vivantes d'une histoire passée, qu'il faut absolument préserver et qui pour certains devraient pouvoir un jour être inscrit au titre du patrimoine mondial de l'UNESCO.

Nous n'avons pas le nombre exact de baobabs présents dans les DOM/TOM mais en Martinique et Guadeloupe, il est sûr que leur nombre se compte sur le doigt d'une main. Abattre un baobab n'est donc plus anodin dans ce contexte…Il y a quelques mois, nous avons reçu un message inquiétant d'un internaute qui nous faisait part de la destruction d'un des rares baobabs encore présents à la Guadeloupe.

Le Baobab "envahisseur" de l'Hôtel de ville sur la commune du Gosier

Dans le magazine d'information de la ville du Gosier [Gosier actu – Mars 2007 - pages 8 et 9], on pouvait lire : Les travaux d'extension de l'Hôtel de Ville

"Compte tenu de l'évolution démographique croissante du Gosier (recensement complémentaire de 2006 : 29 460 habitants) et de l'importance de plus en plus grande de ses missions de service public, il s'avérait éminemment nécessaire d'agrandir la mairie, d'autant que le regroupement d'un certain nombre de service éclatés s'imposait. Le nouveau bâtiment très moderne épousera l'architecture actuelle. Ils seront tous deux reliés par diverses passerelles et couloirs. Il a fallu de ce fait, démolir la place située en amont du square de la rénovation. Cette place peu fréquentée justifiait amplement qu'on puisse agrandir la mairie pour des raisons d'intérêt public, à savoir, une plus grande fonctionnalité des services au profit de la population. Il importe de souligner que l'arbre déraciné, réputé envahissant et préjudiciable aux infrastructures attenantes, n'était pas un baobab, mais un sablier. Son déracinement permettra d'aménager un parking souterrain vu l'importante pénurie de places de stationnement existant au Gosier."

Le Baobab de l'Hôtel de ville du Gosier à gauche de la photo quelques jours avant son abattage

Suite à cette publication, on ne peut rester indifférent et cela nous amène à plusieurs réactions :

  • L'arbre est bel et bien un baobab, Adansonia digitata, sans aucun doute et pas besoin d'être expert pour le voir tout de suite. Il est donc très surprenant que l'équipe municipale et en particulier le service des espaces verts ne sache reconnaître cet arbre et le fait de le requalifier en sablier semble être juste là pour justifier l'abattage d'une essence plus classique dans le paysage guadeloupéen.
  • Est-il d'intérêt public de détruire un arbre chargé d'histoire dont leur nombre en Guadeloupe se compte sur les doigts d'une main ? Au moment où les inquiétudes sont grandissantes sur notre environnement et la disparition de ses richesses naturelles, cet acte est de nos jours inacceptable !
  • A-t-il été envisagé d'autres solutions : intégration de l'arbre dans une architecture contemporaine, transplantation

Le baobab a été déraciné fin avril 2007.... Le tronc a été coupé à 6 m de haut et jeté dans un coin, et malgré tout il continue à pousser. En effet, les baobabs ont une faculté extraordinaire de résistance et de regénération. Même abattus, tombés au sol, ils peuvent très bien repartir si ce n'est que quelques racines sont encore présentes ou bien qu'une partie de l'arbre se retrouve enfoncé dans le substrat. Il aurait donc été très facile de replanter cet arbre qui faisait partie du patrimoine de la Guadeloupe.

Il se pose aussi la question de l'âge de cet arbre. Il est fort probable que ce baobab soit centenaire même si nous n'en avons pas la confirmation. Une petite recherche s'impose donc et des documents doivent obligatoirement exister à ce sujet à conditions que les services municipaux répondent favorablement à notre demande….ce qui doit être le cas d'un service public.

Il est fort probable que le baobab du Gosier a été rapporté au cours du 19ième siècle lors des échanges commerciaux entre l'Asie et/ou l'Afrique. Par exemple, l'arbre-à-pain, le manguier, la canne à sucre, le bananier, le flamboyant, etc ... ont étés importés d'Asie par les colons et non d'Afrique comme on pourrait le croire.

Un courrier sera prochainement adressé au Maire et services municipaux. Nous vous tiendrons bien entendu au courant des retours que nous pourrons en avoir

Les baobabs ne naissent pas centenaires, mais aspirent à le devenir....